Avec les JO, le sujet de la santé mentale des athlètes olympiques sera (espérons-le...) au centre de l'attention durant deux semaines. Un article à ce sujet nous paraissait donc indispensable !
En synthèse :
- Dépression, burn-out, troubles du comportement alimentaire… Les athlètes de haut niveau sont de plus en plus nombreux à parler de leurs problèmes de santé mentale.
- « Le sport de haut niveau est une prise de risque à fois physique et psychologique, déclare Elise Anckaert, psychologue du sport à l’INSEP. Il faut donc mettre des garde-fous pour préserver et réguler ce terrain à risque. »
- Hormis une séance par an obligatoire avec un psychologue, il n’existe aucune politique globale à ce sujet. « Certaines institutions priorisent les préparateurs physiques et l’équipe médicale et d’autres décident d’investir sur le champ de la santé mentale. C’est très contexte dépendant », explique Stéphanie Meriaux, psychologue du sport.
Introduction
La santé mentale est un sujet de plus en plus discuté dans notre société moderne, et ce n’est pas sans raison. Alors que nous prenons conscience de l’importance du bien-être psychologique, il devient évident que ce sujet touche toutes les sphères de la vie, y compris le sport de haut niveau. Les athlètes olympiques, souvent perçus comme des modèles de résilience et de force, ne sont pas à l’abri des défis liés à la santé mentale. Dans cet article, nous explorerons la question de la santé mentale chez les athlètes de haut niveau, avec un focus particulier sur les témoignages d'athlètes olympiques et les solutions qu’ils ont mises en place pour améliorer leur bien-être mental.
L'importance de la santé mentale pour les athlètes
Les athlètes de haut niveau sont soumis à des pressions immenses. Entre les entraînements intensifs, les compétitions fréquentes, et les attentes élevées de la part des entraîneurs, des sponsors et du public, le stress peut devenir accablant. De plus, la nécessité de maintenir une performance constante et de gérer les échecs ou les blessures ajoute une couche supplémentaire de difficulté. En conséquence, les athlètes peuvent être vulnérables à divers problèmes de santé mentale, tels que l'anxiété, la dépression, le burn-out, et même les troubles alimentaires.
Témoignages d'athlètes olympiques
Simone Biles
Simone Biles, l'une des gymnastes les plus décorées de tous les temps, a fait la une des journaux lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 lorsqu'elle a décidé de se retirer de plusieurs épreuves pour se concentrer sur sa santé mentale. Biles a révélé qu'elle souffrait de "twisties", un phénomène mental où un athlète perd le sens de l’orientation dans l’air, ce qui peut être extrêmement dangereux dans un sport comme la gymnastique. En prenant cette décision, Biles a mis en lumière l'importance de donner la priorité à la santé mentale sur la performance.
Michael Phelps
Michael Phelps, le nageur le plus titré de l’histoire des Jeux Olympiques, a également été très ouvert sur ses luttes contre la dépression et les pensées suicidaires. Après les Jeux Olympiques de 2012, Phelps a traversé une période sombre où il a même envisagé le suicide. Depuis lors, il est devenu un ardent défenseur de la santé mentale, partageant son histoire pour encourager d'autres athlètes à chercher de l'aide et à parler ouvertement de leurs difficultés.
Naomi Osaka
Naomi Osaka, la joueuse de tennis japonaise, a pris la décision de se retirer de Roland-Garros en 2021, citant la nécessité de préserver sa santé mentale. Osaka a révélé qu'elle souffrait de longues périodes de dépression et d'anxiété, en particulier lorsqu'elle devait faire face aux médias après les matchs. Son acte de courage a incité une discussion mondiale sur la pression médiatique et la santé mentale des athlètes.
Stratégies et solutions pour améliorer la santé mentale
Soutien psychologique et thérapeutique
Une des premières mesures que les athlètes peuvent prendre pour améliorer leur santé mentale est de chercher du soutien professionnel. Beaucoup d'athlètes, y compris ceux mentionnés ci-dessus, ont trouvé de l'aide à travers la thérapie. Que ce soit des psychologues sportifs spécialisés ou des thérapeutes, ces professionnels peuvent fournir des outils et des stratégies pour gérer le stress, l'anxiété et d'autres troubles mentaux. Michael Phelps, par exemple, a attribué une grande partie de sa récupération à sa thérapie régulière et aux programmes de réadaptation auxquels il a participé.
Pratiques de pleine conscience et de méditation
La méditation et la pleine conscience sont des pratiques qui gagnent en popularité parmi les athlètes de haut niveau. Ces techniques aident à réduire le stress et à améliorer la concentration en permettant aux athlètes de rester présents et de gérer leurs émotions de manière plus efficace. Simone Biles et Naomi Osaka, par exemple, ont toutes deux intégré des pratiques de pleine conscience dans leurs routines quotidiennes pour mieux gérer la pression et l'anxiété.
Équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle
Il est crucial pour les athlètes de maintenir un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Le surmenage et l'obsession de la performance peuvent mener à l'épuisement professionnel. En prenant des pauses régulières et en consacrant du temps à des activités en dehors du sport, les athlètes peuvent maintenir une santé mentale plus stable. Naomi Osaka a souligné l'importance de cette approche en prenant du temps pour elle-même après son retrait de Roland-Garros.
Programmes de support des fédérations sportives
Les fédérations sportives jouent également un rôle vital dans la promotion de la santé mentale des athlètes. Elles peuvent offrir des programmes de soutien, des ressources éducatives, et des services de conseil. Par exemple, le Comité International Olympique (CIO) a lancé des initiatives pour fournir un soutien psychologique aux athlètes, y compris des lignes d'assistance téléphonique et des ressources en ligne.
Faire une pause et penser positivement
Le Japonais Kagiyama Yuma, vainqueur du patinage artistique masculin lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver de Lausanne 2020, explique avoir appris à gérer ses nerfs durant la compétition ainsi que ses coups de mou au niveau de son moral afin de permettre à sa santé mentale de se rétablir.
Son conseil est de connaître ses propres limites.
« Faire une pause est important quand vous n’êtes pas en bonne condition », suggère Kagiyama. « Une fois, j’ai fait une pause et, étonnamment, j’ai pu voir ce qui n’allait pas dans ma tête et ce qu’il fallait faire pour corriger tout cela. »
« Si vous êtes toujours à 100%, vous risquez d’aller trop loin. À un certain moment, vous devez vous reposer et refaire le plein d'énergie. »
Sa compatriote Takanashi Sara, meilleure sauteuse à ski du Japon, déclare pour sa part qu’elle essaye toujours de penser de façon positive, même lorsqu’elle rencontre des difficultés.
La santé mentale est un « point central de la vie d’un athlète », explique-t-elle.
« Tout le monde peut se sentir contrarié et impatient. Même si je ressens cela, je m’entraîne autant que possible pour avoir confiance en moi. Je fais toujours de mon mieux et je pense positivement… Et j’ai découvert de bonnes choses en cours de route. »
Conclusion
La santé mentale des athlètes de haut niveau est un aspect crucial du sport moderne. Les témoignages de Simone Biles, Michael Phelps, Naomi Osaka et d'autres ont contribué à briser le tabou autour de ce sujet et à sensibiliser le public à l'importance du bien-être psychologique. En mettant en œuvre des stratégies telles que le soutien thérapeutique, la pleine conscience, l'équilibre entre vie personnelle et professionnelle, et en bénéficiant du soutien des fédérations sportives, les athlètes peuvent mieux gérer les pressions auxquelles ils sont confrontés.
En fin de compte, il est essentiel de reconnaître que les athlètes ne sont pas seulement des machines à gagner des médailles, mais des êtres humains qui méritent d'être soutenus dans tous les aspects de leur vie, y compris leur santé mentale. En faisant de la santé mentale une priorité, nous pouvons aider les athlètes à non seulement exceller dans leurs sports, mais aussi à mener des vies équilibrées et épanouissantes.